Conférence réalisée par Claudine MAES
Mardi 3 décembre 2024
- DES PAYSAGES CONTRASTES
Il n’est pas seulement un « plat pays ». C’est un pays rude.
Comme le chante Jacques Brel, c’est un « pays » difficile, ardu, violent…Toutefois au fil de la chanson on retrouve aussi la gaîté et l’espoir qui caractérisent la région.
- Pays de vent
Le tableau Impressionniste de Théo Van Rysselberghe « canal en Flandre » donne cette impression de vent violent. (Arbres penchés).
Repris par la poétesse belge Nys Masure, le vent est mis en lien avec la mer, le rythme des vagues dans les sonorités dures « U », « R », « P » qui appuient la violence et la dureté des éléments.
Mais toujours on retrouve la gaîté : « le boulonnais caracole… »
Le vent se retrouve dans d’autres poèmes (Emile Verhaeren) les strophes régulières puis 4 syllabes : « voici le vent » ; des tableaux (Francis Tattegrain).
Les auteurs contemporains reprennent cette description (Jean Le Boel) le paysage immobile inspire une atmosphère de douceur qui se lie intimement à l’Homme : douceur de la peau mais aussi à l’humidité prégnante que l’on retrouve dans les « M » mouillés.
En parallèle : la gaîté, avec la ville de Bergues « ma ville est une joie ». Elle symbolise les Flandres (avec un s car ce sont les Flandres en français – la Belgique note Flandre sans s) et possède plusieurs attributs du Nord : beffroi, remparts, églises, monuments.
Le NORD = Pays de contrastes entre violence et optimisme.
DES PAYSAGES VARIES ET CHANGEANTS
Un pays plat…
vert qui évolue avec le temps Voir Corot « la route de Sin le Noble » 1873, le paysage de Arthur Van Hecke « paysage ».
… Bordé par la mer
Repris dans la chanson de Alain Souchon « le baiser » la plage de Malo Bray-Dunes et les « fancy-fair » à la fraise –en chanson aussi par le groupe les mauvaises langues «la côte d’Opale ».
En peinture : la côte d’Opale avec « le Cap Blanc Nez » de Yves Gout – « la plage d’Ambleteuse » de Gérard Mortier ou – « Audresselles » de Maurice Boitel.
Et ses activités de bord de mer : « chars à voile » de Hugues
…parsemé de monts
Les « monts des Flandres » moqués par Arlette Chaumarcel « comme des cailloux gris de Poucet… ». Elle associe également les monts et la mer, car celle-ci pénétrait plus loin dans les terres que maintenant.
…qui relie la terre, la mer et le ciel
On prend note également de cette association : terre, mer, ciel avec Emmanuel Looten « Toi Flandres » pour décrire le Nord, avec ses nuances de gris qui le caractérisent.
PAYS D’INVASIONS ET DE TRAVAIL
Sa situation géographique : carrefour entre la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne et le Sud en font un lieu de passage pour les invasions…
- Les guerres, les invasions
Les invasions vikings, bourguignonnes, espagnoles, les guerres ont fait souffrir la région. C’est au XVIIe que la région devient française.
Peinte par Francis Tattegrain « les casselois dans le marais de Saint-Omer », décrite par Arthur Rimbaud « le dormeur du Val », et Apollinaire « la petite auto » ; tous décrivent les horreurs des guerres qui ont marqué la région.
Apollinaire, plus moderne, fait référence à l’amélioration des infrastructures qui favorisent l’invasion… « tentacules qui se déploient » : l’arrivée du chemin de fer et des voies terrestres entraînent la dispersion de la guerre.
D’ailleurs Bruno Brel, neveu de Jacques, dans « le vent des dunes » fait référence aux nombreux cimetières qui couvrent la région.
PAYS DE TRAVAILLEURS
2.2.2. Les mineurs
Comme on a pu le constater à Lewarde, le métier était éprouvant, exercé par les hommes, les femmes, les enfants, des chevaux. C’est sur eux que reposait la production du charbon (énergie de la Nation)
Plusieurs artistes font référence à cette vie des « gueules noires » :
Robert Doisneau,
Jules Mousseron « scène de Coron » : coups de pics et coups de plume – à la fois mineur et peintre…
La chanson de Pierre Bachelet et Jean-Pierre Lang qui porte un hommage aux mineurs de fond dont ils décrivent le quotidien et la nostalgie de ce métier. Cette chanson, reprise par le RC Lens aux matchs de football, depuis 2016, rassemble dans une émotion collective pour en faire l’emblème de la région en souvenir de la catastrophe de Co
2.2.3. Les pêcheurs en mer
La difficulté et les dangers du métier sont représentés par Francis Tattegrain « la saison du merlan », et Eugène Lepic « après la tempête ». Pas étonnant alors que les femmes de marins malgré l’ensemble lumineux du tableau montrent des visages tristes et inquiets. Victor Hugo dans Oceano Vox, décrit la douleur de ses hommes qui, sans sépultures, sont oubliés.
2.2.4. Les filatures
Victor Hugo, en visite en tant que député, décrit les caves de Lille où s’entassent des familles ouvrières qui filent le lin, la laine… pour nourrir les filatures en matière première et enrichir les « princes ». Sous forme poétique, il fait référence à l’enfer que vivent ces familles dans une allusion à Dante Alighieri.
Emile Verhaeren écrit également sur le sujet, il fait partie des poètes sensibles aux ouvriers.
Théodore Gueldry nous donne à voir, à travers sa peinture « scène de triage de la laine » la poussière qui vole et asphyxie le poumon des ouvrières, malgré la luminosité du tableau et un sourire esquissé d’une jeune ouvrière.
Partout sur le territoire nous notons des fabriques de draps, dentelles…
La vie quotidienne des ouvriers est reprise dans la chanson « le p’tit Quinquin ».
En pointe dans l’industrie textile puis minière, l’économie a fait sa révolution et s’est diversifiée.
REGION DE TRADITION VIVACE
- Les symboles du Nord
- La langue: Le Patois
Le Picard se parle dans la majeure partie de la région, avec une enclave du Flamand occidental dans une petite parcelle nord-est.
Des auteurs de chansons, textes, poésies en patois ont animé de nombreux spectacles et soirées : Simons, Line Dariel, Julos Beaucarne, Ronny Coutteure, Le Broutteux à qui les tourquennois ont offert une maison…
Quand on recherche l’origine du patois, on découvre le picard (vieux français).
Les loisirs
- « Le combat de coqs » peinture de Rémy Cooghe.
Réalisés auparavant avec des ergots en fer, ces combats sont maintenant interdits mais…
- Le tir à l’arc vertical (sur un perroquet)
- Le jeu de bourles (avec une bourloire)
- Les coulonneux, que l’on aurait pu ajouter…
A partir de 1936 avec les congés payés, on assiste au développement des loisirs : bains de mer, cyclisme,
Le patrimoine
- Les beffrois : Ils doivent dépasser l’église pour symboliser le pouvoir de la ville,
- Les géants : Phinaert et Lydéric pour Lille, sortent aux grandes occasions pour faire la fête et danser avec les habitants
- Les moulins : éparpillés sur le territoire, ils sont indissociables des paysages des Flandres, moulins à vent, moulins à eau. Certains ont été préservés (Villeneuve d’Ascq, Templeuve). Poème d’Emmanuel Looten « moulin »
- Les pavés – peints par Mahjoub Ben Bella
Il est aussi possible de citer les pignons à pas de moineaux, les briques…
Ainsi que toutes les traces laissées par Vauban dans de nombreuses villes du Nord Pas-de-Calais,
Les baraques à frites…
Solidarité et fêtes
- La solidarité chantée par Enrico Macias dans « les gens du Nord »,
Un exemple : Les charitables de Béthune : L’histoire de la confrérie des Charitables débute en 1188 lorsqu’une épidémie de peste dévaste la région. L’histoire raconte que saint Eloi apparut et demande à deux maréchaux-ferrants, Gautier de Béthune et Germon de Beuvry, de fonder une « karité ». Leur tâche consiste à accompagner et à enterrer les morts sans distinction.
Les Charitables poursuivent encore aujourd’hui leur action d’accompagnement et viennent en aide auprès des personnes en grande difficulté. Ils sont présents lors des enterrements et portent le cercueil jusqu’au cimetière. Seuls les hommes peuvent devenir charitables, et doivent d’abord avoir été parrainés. Les Charitables disposent d’un code vestimentaire très stricte, dont l’élément le plus emblématique est le chapeau bicorne noir.
- Le sens de la fête illustré par Jan Brueghel l’ancien : « repas de noces »,
Les kermesses et les ducasses qui étaient auparavant des fêtes religieuses sont maintenant devenues païennes. Les carnavals avec la participation des géants, ou le carnaval de Dunkerque et son tambour-major, la braderie de Lille…
- Les estaminets où l’on retrouve la gastronomie du Nord et les jeux traditionnels,
La bière, les chants : Raoul de Godewarsvelde « quand la mer monte » Ronny Coutteure « la bière c’est le temps », le temps de vivre…
CONCLUSION
« J’appartiens au Nord comme l’aube appartient à la terre. Cette région pudique est bigarrée comme un marché et mystérieuse comme un rêve. » Jacques Duquesne,
Le nord est une région résolument tournée vers l’avenir, qui n’a de cesse de se réinventer.
Une partie du Nord était flamande jusqu’au 18e siècle. Il en reste un héritage culturel considérable à admirer dans les nombreux musées de la région, notamment au musée des Flandres à Cassel. Par ailleurs, notre territoire frontalier a été le théâtre de nombreux conflits et batailles : de Bouvines à la seconde Guerre mondiale, de nombreux lieux de mémoire permettent de découvrir cette riche histoire.
Il y aurait encore tant à dire sur le Nord, avec l’Avesnois qui a une identité très marquée également, les différents prix qui donnent à voir l’excellence de notre région…
Le 4 décembre 2024
Compte-rendu pour l’UTL Pévèle Carembault